Partant de l’« enjeu majeur » que constitue la protection de la voix de protagonistes interrogés dans des reportages et interviews, notamment en matière criminelle, la société Swealink a développé Vox Protect, un logiciel garantissant la protection des témoins, selon un communiqué de son président Christophe Henrotte. Fruit de quatre années de travail conduit par cet ingénieur du son, avec plusieurs chercheurs, et soutenu par le Riam, le CNC, la BPI et l’Inria, cette solution utilise un algorithme aléatoire et, par son mode de fonctionnement, permet de « protéger à la fois la voix du témoin, l’utilisateur (le technicien), et le logiciel lui-même notamment grâce à une clé antipiratage », est-il expliqué.
Jusqu’à présent, l’un des moyens de protéger les témoins consiste à modifier leur voix par des « effets linéaires » à l’instar de « l’effet de « pitch” » qui consiste en une « transformation de la tonalité d’un signal traité » sans toutefois dégrader le son, est-il expliqué. Concrètement, cet effet ne modifie « aucunement » les fondamentaux du signal sonore. La méthode datant de « l’ère analogique » apparaît ainsi dépassée à l’heure où de « simples fonctions inverses », accessibles sur internet, contribuent à rendre tous les effets audio existants réversibles et, dès lors, ne garantissent plus l’anonymat des témoins.
Un constat corroboré par la Cnil qui relève, dans un article du 4 janvier, que la technique de « pitch shifting » apporte une « protection extrêmement faible » à l’aune des nouveaux logiciels du son disponibles sur le marché. « Cette technique pouvait avoir de l’intérêt quand les coûts de rétro-ingénierie étaient importants et accessibles qu’à un nombre limité de personnes il y a quelques dizaines d’années, ce qui n’est plus le cas avec le passage au format numérique et l’accessibilité des logiciels », conclut-elle.